Pourquoi cette étude est-elle menée?
Depuis plusieurs décennies, de très nombreux rapports gouvernementaux et la recherche internationale témoignent de l’importance de mieux soutenir les jeunes placés dans leur transition à la vie adulte. Ces études soulignent différents enjeux tels que la rupture dans la trajectoire de services de ces jeunes lors de ce processus. Qui plus est, beaucoup de ces jeunes, confrontés à des difficultés familiales, sociales et éducatives au moment de leur placement, restent toujours vulnérables une fois sortis du système de protection. Mentionnons que dans le cas de la population générale, les jeunes en cas de chômage font souvent appelle à leur famille, nucléaire ou élargie, afin d’obtenir une aide résidentielle. Or, peu diplômés, avec un réseau familial faible ou inexistant, les jeunes sortants de protection cumulent les inégalités face à leurs pairs et vont devoir faire face, précocement aux différentes transitions vers l’âge adulte.
Au Canada, plus de 200 000 jeunes par année sont suivis par une agence de protection de la jeunesse et plus de 65 000 sont placés dans un milieu substitut. Au Québec, on évalue que 2 000 jeunes quittent annuellement un placement pour un parcours vers l’autonomie.
Une étude longitudinale
Au regard des éléments précédents, EDJeP a été développée par la Chaire de recherche du Canada sur l’évaluation des actions publiques à l’égard des jeunes et des populations vulnérables (CREVAJ) dans le but de combler un manque de connaissances sur la période de l’après-placement, période ayant fait l’objet de très peu d’attention au Québec. Plus précisément, EDJeP s’intéresse aux conditions de vie et de sortie des jeunes de 17 à 21 ans ayant été placés et mettra en place la première étude québécoise longitudinale et représentative sur cette thématique. Le suivi d’environ 1 000 jeunes, durant une période de 3 ans, donnera lieu à des analyses croisées avec les données administratives harmonisées des services de protection de la jeunesse, des données administratives d’utilisation de services du MESS et du MESRS ainsi qu’avec certaines données populationnelles, et ce, afin d’obtenir une compréhension claire des enjeux de transition pour les jeunes placés et veiller à l’amélioration des pratiques et politiques.
Qui plus est, l’association de l’analyse des trajectoires des jeunes avec les pratiques d’intervention sociale permettra de saisir la concordance entre les interventions et les besoins des jeunes. Le croisement de ces deux dimensions a pour but de contribuer à la bonification ainsi qu’à la modification de l’offre de services aux jeunes qui quittent un placement de même qu’en ce qui a trait aux politiques sociales qui les entourent.
Dans un autre ordre d’idées, d’autres volets seront développés en complément du suivi longitudinal. D’abord, les comparaisons internationales seront au cœur des réalisations d’EDJeP. Cette dernière s’inscrit par ailleurs en miroir de l’Étude sur l’accès des jeunes à l’autonomie (ELAP) menée en France. De plus, la conduite de recherches entourant les pratiques soutenant l’engagement des jeunes à partir d’un nouveau regard sur la participation de ces derniers en tant qu’acteurs du processus d’intervention prendra place.
Pour terminer, tout au long des sept années, nous souhaitons qu’EDJeP ait des impacts tangibles sur l’amélioration des soutiens apportés aux jeunes qui quittent un placement, au Québec, au Canada, en France et à l’étranger. De même, nous souhaitons que les connaissances acquises et les stratégies de mobilisation des acteurs soutiennent les innovations dans les politiques et les pratiques d’intervention relatives aux jeunes issus des centres jeunesse et qu’elles puissent être transférées à d’autres moments du cycle de vie et à d’autres situations de sortie de prise en charge institutionnelle. En somme, par son processus, ses objectifs et ses activités de recherche, nous croyons qu’EDJeP contribuera à l’amélioration des pratiques sociales et des politiques publiques relatives au soutien des jeunes placés, dans les secteurs de l’éducation, la santé et les services sociaux et de l’emploi.